Perles de la justice

Moi pas comprendre

Les perles : la justice

Gaston Dominici, accusé et condamné pour le triple meurtre de Lurs, en 1952, fait retentir son accent du terroir, celui des Alpes-de-Haute-Provence. Quand le président de la cour d’assises de Digne lui demande : « Êtes-vous allé au pont ? », là où le corps de la petite fille Drummond a été retrouvé, Dominici tique : « Allée ? Il n’y a pas d’allée, je le sais, j’y suis été ! »

Le feu de Landru

Les perles : la justice

Henri Désiré Landru, amoureux de veuves, de préférence dans la position horizontale et figée – on lui prête dix relations incandescentes ! – s’exclame lors de son procès : « Vous me croirez si vous voulez, eh bien, je n’ai jamais su allumer un feu ! » Son humour fait des ravages. Et l’opinion raffole de ses bons mots.

Près d’un siècle plus tard, le village de Gambais fait une fête à Landru. Son « nid d’amour » est devenu restaurant. On s’y presse, on s’y bouscule. Les places sont chères et chaudes. On se prend à relire les petites annonces mitonnées au feu doux du grand criminel : « Monsieur sérieux désire épouser veuve ou femme incomprise entre trente-cinq et quarante-cinq ans. » Un bonheur cuisant les attendait.

À son avocat, Me de Moro-Giafferi, Landru lance ces dernières paroles : « Je vous ai confié une cause bien difficile… disons-le, désespérée… Enfin, ce n’est pas la première fois qu’on condamne un innocent ! »

Sept petites notes de musique

Les perles : la justice

Eddie Barclay n’a jamais accepté de perdre. Il a toujours voulu gagner tous ses procès.
– Tu n’es pas raisonnable, s’emporte un jour son avocat. Songe que nous n’avons à notre disposition que les 2 281 articles du Code civil.
– 2 281 ! s’esclaffe le bel Eddie. Et tu trouves que c’est insuffisant ! Quand je pense à ce que nous arrivons à faire, dans la musique, avec sept pauvres petites notes…

Le procès du poète

Les perles : la justice

« Ceci est nouveau : poursuivre un volume de vers ! Jusqu’à présent, la magistrature laissait la poésie fort tranquille ! Je suis grandement indigné. » Flaubert vole au secours de Baudelaire, dont six poèmes sont censurés pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. « Les Fleurs du mal » ont mal aux alexandrins.

Une rude journée

Les perles : la justice

Janvier 1757. Au moment de grimper dans son carrosse, Louis XV est poignardé par un inconnu. La blessure n’est que légère, mais Damiens, le régicide, est quand même traduit devant le Parlement de Paris. Il va subir un calvaire atroce. Écartelé, brûlé au soufre en fusion, puis jeté dans les flammes.

Au petit matin, avant de partir pour son supplice, le régicide, visionnaire, s’est contenté de déclarer : « Allons, la journée sera rude ! »