– J’ai vu un film assez curieux, hier, dit un amateur de salles obscures. Un western, dirigé par un metteur en scène nommé Brave-Oeil-de-Faucon-de-la-Grande-Prairie.
– C’est bizarre, ce nom.
– Il s’agit d’un Indien.
– Ah ! Bon ! Et qu’a-t-il de spécial, ce film ?
– Et bien, à ma connaissance, c’est le seul western où, à la fin, la cavalerie n’arrive pas à temps pour sauver la fille du shérif.
– C’est merveilleux ! S’extasie un producteur hollywoodien, en visionnant une scène d’émeute. La fureur de ces figurants attaquant la forteresse et détruisant tout sur leur passage est criante de vérité. Comment avez-vous obtenu un tel résultat ?
– Simplement, répond le metteur en scène. En prenant la précaution de leur annoncer, juste avant le tournage de cette séquence, que vous aviez décidé de réduire de moitié le montant de leurs cachets.
À Hollywood, un producteur, tout nouveau dans le métier, demande à un survivant des années cinquante.
– À votre avis, les Oscars, ça a de l’importance, pour les recettes des films ?
– Bien sûr. Le soir où des millions de gens restent devant leur téléviseur pour suivre la cérémonie de leur distribution. Ce soir-là, on ne fait pas un cent dans les salles. À cause de ces ahuris, nous autres, producteurs, perdons une fortune.
– J’ai eu raison, dit un agent artistique à l’un des comédiens dont il s’occupe, de te faire signer pour ce rôle où tu te déguises en femme. Pour les prochains Oscars, tu es nominé dans la catégorie Meilleur acteur…
– Formidable !
– Attends ! Ta performance a été tellement appréciée que tu es également nominé dans la catégorie « Meilleure actrice ».
