C’est un paysan sur sa charrette, son chien à côté de lui. La charrette est tirée par un cheval, vieux, maigre, malade et fatigué. Le paysan tape à tour de bras sur le cheval. Au milieu de la côte, le cheval s’arrête, se retourne dans ses brancards, croise les sabots et dit au paysan : – Voilà vingt ans que tu me fais travailler sans me donner à bouffer. Je commence à en avoir marre…
Médusé, le paysan s’exclame : – Ça alors, c’est la première fois que j’entends un cheval parler…
Durant ma collaboration avec M. Colas, il m’a toujours semblé
travailler consciencieusement à son bureau sans perdre de temps et sans
cancaner avec ses collègues de bureau. Très rarement, il
perd son temps en choses inutiles. Si on lui donne un travail, il
termine le travail qui lui est dévolu à temps. Il sera toujours
absorbé par son travail officiel, et ne pourra jamais être trouvé
en train de commérer à la cantine. Il n’a absolument aucune
vanité, en dépit de toutes ses réalisations et de la très grande
connaissance de son domaine d’activité. Je pense qu’on peut facilement
le mettre sur un piédestal, et nous ne devrions en aucun cas
faire sans lui. En fait, je pense réellement que M. Colas devrait être
sur le tableau d’avancement, et un formulaire de demande devrait être
expédié le plus tôt possible.
(Signé) Kurt Bleek Chef de section
Courrier n°2
Colas était présent quand j’ai écrit le rapport qui vous a été posté aujourd’hui. Veuillez ne lire que les lignes 1,3,5… de ce rapport pour connaître mon sentiment réel sur M. Colas.
Il y a deux semaines, c’était mon 44ème anniversaire, et le moral n’était pas au top. Pourtant, je savais qu’en me levant pour aller déjeuner, ma femme n’oublierait pas de me souhaiter un « Joyeux anniversaire » et me ferait un cadeau.
Mais ce matin là, elle ne m’a même pas dit « Bonjour » et encore moins « Bon anniversaire ».
Alors je me suis dit : – Bon, ce n’est pas grave, à moi aussi ça m’arrive d’oublier. Les enfants, eux, se souviendront.
Mais les enfants descendirent pour déjeuner sans un mot pour moi… Alors quand je partis pour le travail, le moral était vraiment descendu au plus bas.
Comme j’arrivais au bureau, Julie, ma secrétaire me dit : – Bonjour patron, Joyeux anniversaire ! Et là le moral commença à remonter. Je me mis au travail, et lorsque midi approcha, Julie frappa à ma porte et dit : – Patron, aujourd’hui c’est votre anniversaire, et en plus c’est une très belle journée. Si vous m’invitiez à dîner ?
J’étais tout à fait d’accord, alors je lui ai répondu : – Allons-y.
Pour dîner, nous avions choisi une petite auberge à l’écart de la ville. Le repas fut très agréable et ma secrétaire très attentionnée pour moi…
En sortant du restaurant Julie me dit : – Patron, si nous ne retournions pas au travail cet après-midi ?
Comme je ne répondais pas, elle ajouta : – Allons à mon appartement, je vous montrerait mes collections de vases de Chine.
Comme je me laissais entreprendre, nous arrivâmes bientôt chez elle. Devant un verre de cognac, elle me dit : – Si ça ne vous fait rien Patron, je vais passer à la salle de bain pour me changer. Evidemment, je laissais faire.
Lorsqu’elle revint, je m’étais moi aussi mis à l’aise. Et c’est en caleçon que j’accueillit ma secrétaire, ma femme, mes enfants et l’équipe du bureau. Tous chantaient « Joyeux anniversaire » en apportant un superbe gâteau !