L’avocat homérique

Les perles : la justice

Les prétoires ont résonné pendant des années des impertinences et des grondements homériques de Maître Henri Juramy. On l’a vu se dresser et, de son regard fiévreux, de cette voix comme la nature n’en fabrique plus, planter ses banderilles dans le flanc de l’accusation. Un jour, mécontent de la maigre écoute que lui réserve la cour, il commence sa plaidoirie face au mur, ce qui, pour un jeune et fringant avocat, eût été constitutif d’un outrage à magistrats. Une autre fois, s’adressant aux jurés d’une cour d’assises avec solennité, le ténor lance à propos d’un avocat général qui lui a fortement déplu : « N’écoutez pas cet homme. Il n’est ni avocat ni général. » Belle trouvaille de l’orateur. Maître Juramy est un inclassable. L’avocat est à la justice un volcan apaisé qui peut se réveiller d’une minute à l’autre. Une autre fois, dans un tentaculaire trafic de drogue, le voilà qui mime, pour mieux en discréditer le contenu, une écoute téléphonique entre sa cliente et l’un des protagonistes du réseau. Assis au premier rang, les trois principaux auteurs du trafic en pleureront de rire.

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